Ca sent le bénitier…

Une conférence de François Couplan

Article publié le samedi 18 juin 2011 par JPP
Mis à jour le mercredi 8 février 2017
Site à visiter: Le site officiel
(NaturParif le 16 Mai 2011)

Écrivain prolifique, François Couplan est un spécialiste de la dégustation des plantes sauvages.

Il est aussi , à la manière de Terrasson, un partisan de l’immersion dans la nature comme remède au malaise dans la civilisation.

Je n’avais jamais vu l’amphithéâtre de la SNHF aussi plein pour une conférence de Naturparif. Il avait fallu rajouter des chaises.

Les aficionados du maître en chapeau tyrolien étaient donc en nombre venus boire les paroles du messie de la nourriture sauvage.

Il faut avouer que ses diapos de recettes à base de cueillette de plantes ont de la gueule. La présentation ne diffère en rien de celle qui va de pair avec la haute gastronomie. Couplan travaille d’ailleurs avec le grand chef Marc Veyrat.

Pour la philosophie, comme les bricolages intellectuels de Terasson, c’est autre chose. Les émois de Terrasson , surmontant la peur de la nature pour passer à une immersion mystique en son sein, m’ont toujours fait penser au roman de Zola "la Faute de l’abbé Mouret" quand l’abbé verse dans le stupre tout en s’immergeant dans un jardin luxuriant. Terrasson a d’ailleurs fait des études de théologie.

Pour Couplan, l’humanité a basculé dans un déséquilibre sans fin, né du désir de posséder, au moment où elle est passée du stade de cueilleur-chasseur à celui de paysan. S’immerger dans la nature est donc le moyen infaillible de retrouver l’harmonie primitive.

Couplan ne cache pas ses origines d’ethobotaniste. Seulement , énonçant la liste impressionnante de ses "découvertes", il oublie bien vite de dire ce qu’il doit à cette science et aux scientifiques qui l’ont constituée : Pierre Lieutaghui en premier chef (Le livre des bonnes herbes).

Aux élucubrations de Couplan, je préfère la notion de "plante compagne" de Lieutaghi : le paysan n’a pas renié le cueilleur-chasseur, il a conservé la mémoire des plantes sauvages, les faisant parfois venir dans son jardin, les relâchant ensuite dans la nature dans un perpétuel aller-retour, un long compagnonnage. Si Couplan peut aujourd’hui les accommoder brillamment, c’est que l’homme n’a jamais cessé de les consommer.C’est la vison humaniste des choses.

"Rucker zur natur " , retour à la nature , telle était déjà la devise des romantiques allemands, en un temps de grand chambardement économique, sociétal, politique. Dans ces temps là, on a tendance à vouloir se raccrocher aux branches.

Et les religions consolatrices des deuils de civilisation reprennent du poil de la bête :

Mais la sensation que je préfère à toutes est de pénétrer dans une forêt primaire. C’est la même impression que d’entrer dans une cathédrale : le sentiment du sacré. J’y sens, au plus proche, la relation avec Dieu. ( "La nature nous sauvera" de François Couplan, Ed. Albin Michel)

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