Génétiquement indéterminé : le vivant autorganisé

L’ADN n’est pas le seul gouverneur du vivant ?

Article publié le mardi 13 novembre 2007 par JPP
Mis à jour le mercredi 8 février 2017
Editions QUAE

Je recommande chaudement la lecture de "Génétiquement indéterminé : le vivant auto-organisé" (éditions QUAE) publié à la suite d’un colloque de l’INRA.

De plus en plus de chercheurs remettent en cause le dogme de l’ADN comme explication ultime du vivant et de toutes ses manifestations. Tout serait contenu dans les gènes, d’où la course folle à laquelle nous assistons pour détecter les gènes spécifiques de telle ou telle maladie,telle ou telle propriété remarquable, etc : à l’INRA on vient de déposer un brevet sur le gène de la tendreté de la viande de boeuf….

Mais voilà :

  • l’ADN caractéristique de telle ou telle espèce serait naturellement susceptible de variantes (et non pas par "accident") et aussi de variations dans le temps, d’où la nécessité d’observation de populations entières et non des individus et d’utiliser des outils statistiques ;
  • un même génotype peut conduire à des phénotypes différents selon son environnement lors de phases critiques de son développement ;
  • les contraintes physiques (par exemple nature de la peau, des enveloppes végétales) sont à prendre en compte lors du développement des formes ;
  • au final le gène et l’individu qui en résulte ne peuvent être dissociés de leur environnement (équivalent du principe d’indétermination en physique des particules). "De nombreux arguments plaident en faveur d’un rôle adaptatif de la plasticité phénotypique, des adaptations durables à une modification de l’environnement pouvant se produire simultanément dans des populations entières et en une seule génération (acclimatation altitudinale, latitudinale,au terroir, adaptation au stress nutritionnel, abiotique, etc…)."

Les lois de Mendel sont questionnées par une démarche qui reconnecte la biologie avec la physique et les mathématiques, remettant en cause la nature "mécaniste" des théories généralement admises.

Bien entendu mon résumé ne peut être que grossier et imparfait. Je renvoie ceux que ça intéresse à l’ouvrage (collectif) en question.

Si on admet ce point de vue, quelques conséquences que je crois pouvoir en tirer :

  • les apprentis sorciers, créateurs d’OGM, sont encore plus dangereux qu’on ne le pensait puisqu’ils ne maîtrisent qu’une partie d’un processus du vivant encore largement mystérieux ;
  • prétendument stabilisées, les graines qu’on nous vend sont susceptibles de variations importantes et, en tout cas, imparfaitement adaptées à notre terroir particulier.

Post-Scriptum

Commentant l’essai de Jean-jacques Kupiec L’origine des individus (Fayart), JP Gachet revient sur la question dans le Courrier de l’environnement n°57 page 157 : "tout s’accomplit sans ordre préétabli et tout le long de la chaîne causale reliant les phénomènes , les véritables acteurs sont le hasard et la sélection. Il n’y a pas plus d’appariement privilégié entre un gêne et une protéine, qu’il n’y a entre protéines. Il y a des probabilités plus ou moins fortes que ces que ces appariements se réalisent . Ils sont produits par l’état physico—chimique (le milieu intérieur) à un instant."

Forum de l'article

  • L’ADN n’est pas le seul gouverneur du vivant ?
    3 janvier 2008, par JPP le jardinier

    Les biotopes peu observés jusqu’à présent offrent une sorte de confirmation de ces idées.

    Une étude publiée dans Current Biology (27 Décembre), outre qu’elle démontre la grande sensibilité des fonds marins profonds à toute perturbation, notamment climatique, montre que le vivant, dans ces milieux, fonctionne plus comme un système de synergie que de compétition darwinienne. (Michel Loreau, Université McGill Montréal)

    Cette étude porte sur 116 sites océaniques.

    (article du Monde du 2 Janvier 2008 page 6).

 
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